INTERVIEW. Florent Massias, une nouvelle plume bélinétoise
Propos recueillis par Le Belinétois
Ingénieur de formation, Florent Massias, trente-neuf ans est
un jeune auteur qui a posé ses valises il y a peu, à Belin-Béliet. Il
écrit son premier roman en 2015 qu’il auto-édite.
Son nouveau roman « Le cœur salé des Grandes Roches », paru aux
éditions Terres de l’Ouest rencontre un grand succès auprès des
lecteurs. Entre deux dédicaces, Le Bélinétois est allé à sa
rencontre.
Le Bélinétois : Florent, la première question qui
nous vient à l’esprit est la suivante: vous êtes ingénieur donc plutôt
scientifique, comment vous est venue l’idée d’écrire ?
Florent Massias : J’ai goûté au plaisir de
l’écriture en CM2, j’avais alors une institutrice pour les matières
scientifiques et une autre pour les sciences humaines dont
l’expression écrite : une année riche où il m’a été donné d’inventer
des récits fantastiques, contes et autres histoires en tous genres. En
sixième, c’était plutôt axé sur les poèmes. Je me
souviens de ma prof de français de l’époque qui a vu dans mes
alexandrins, la plume de l’un de ses poètes fétiches et qui en a été
troublée au point de me demander où est-ce que je les avais
pompés ! Il m’a fallu attendre vingt ans et la rencontre de ma
compagne (la deuxième personne à avoir cru en ma qualité de romancier),
pour m’y remettre. Avec ce recul, je dirais que pour écrire,
il faut être un peu fou ou bien entouré…
LB : Avez-vous des rituels d’écriture ?
FM : Avant d’écrire, j’enfile un gilet à grosses
mailles et m’enfonce dans mon rocking-chair, un carnet et un stylo à la
main… non je plaisante ! Je me lève tôt, avant que le
soleil ne pointe et m’installe dans la véranda avec mon ordinateur
et un café. C’est dans ces conditions de calme absolu que ma
productivité est optimale. Ceci dit, il m’arrive aussi de rester au
plus proche de l’agitation familiale et d’être dérangé toutes les
cinq minutes. Tout dépend du passage que je suis en train d’écrire et de
mon état d’esprit.
LB : Vous avez auto-édité votre premier roman, comment en êtes-vous arrivé à prendre le chemin de l’édition classique ?
FM : La recherche d’un éditeur est un long chemin
qui n’aboutit au mariage qu’à certaines conditions : il ne faut pas se
leurrer, c’est d’abord une affaire commerciale, l’auteur
doit être bankable. Un journaliste en vue, un acteur célèbre, un
sportif de haut niveau se vendront toujours mieux qu’un inconnu. C’est
aussi une affaire de sensibilité, l’éditeur est le premier
à lire le manuscrit, s’il n’accroche pas, le texte passe à la
trappe. Et puis il faut arriver au bon moment de l’année, de
l’actualité, ne pas être trop en avance sur son époque ni trop en retard
au risque de passer pour ringard. J’ai eu plusieurs propositions
d’éditeurs dont celle de Terres de l’Ouest, maison d’édition bien
installée en Occitanie, qui se développe en Nouvelle
Aquitaine. J’ai choisi cet éditeur pour sa structure dynamique à
taille humaine et sa sensibilité régionale.
LB : « Le cœur salé des Grandes Roches » est paru en juin dernier, pouvez-vous nous le résumer en quelques mots ?
FM : C’est une saga familiale, un roman
d’atmosphère. Celle des Grandes Roches, lieu-dit du petit village
charentais des grands-parents de Bastien, le héros, mais qui pourrait
être n’importe quel village de France, Belin-Béliet par exemple.
Celle des années 80/90, époque où Bastien, n’est encore qu’un enfant.
Avec son frère, il écume la région charentaise,
en quête de sensations fortes. On le retrouve à l’âge adulte, loin
des frasques de sa jeunesse, enfermé dans une carrière professionnelle
accaparante et terne. Une promesse faite à sa grand-mère
va cependant tout bousculer. Peut-être sa dernière chance de ranimer
le cœur salé des Grandes Roches ?
LB : Votre roman se déroule en Charente-Maritime mais aussi en Gironde et notamment à Cestas et Pessac. Pourquoi ce choix ?
FM : Je suis né à Paris mais j’ai passé toute mon enfance en Gironde et mes étés en Charente-Maritime.
LB : Vous voulez dire que votre roman est autobiographique ?
FM : Comme tout auteur, je m’inspire de choses que
j’ai vues, entendues, voire vécues mais que je romance pour leur donner
une autre couleur, un autre parfum, pour ouvrir
l’imaginaire de mes lecteurs. Une partie de l’histoire se déroule au
lycée Pape Clément de Pessac que j’ai fréquenté entre 1995 et 1998. Une
autre à Chaillevette (NDLR : près de Royan).
L’écriture de ce roman m’a d’ailleurs donné envie de revenir sur ma
terre de cœur, la Gironde. C’est ce que j’ai fait il y a un an, en
déménageant à Belin-Béliet.
Florent lors d’une séance de dédicaces à la maison de la presse à Mérignac.
LB : Qu’est-ce qui vous plait dans l’écriture ?
FM : Inviter les mots, les rencontrer comme s’ils
étaient des êtres vivants qui dansent autour de moi. Alors, je n’ai qu’à
saisir celui qui me plait, celui qui traduit exactement
le fond de ma pensée. C’est une gymnastique cérébrale exigeante mais
qui me procure beaucoup de plaisir… quand j’y arrive ! Et puis j’aime
les préalables à l’écriture : la prise de notes dans mes
carnets, les recherches, les visites des lieux de l’action, les
interviews de professionnels pour donner à mon récit la plus grande
précision…
LB : Écrivez-vous pour faire passer des messages ?
FM : Ce roman est d’abord une lecture plaisir et
très accessible. L’histoire est cocasse, avec des personnages hauts en
couleurs, attachants ; c’est une saga qui évade. Mais on
peut en faire une deuxième lecture un peu plus profonde et se poser
des questions sur nous, notre époque, le temps qui passe (ou nous qui
passons sur lui). En tant que lecteur, j’aime que les
histoires me transportent mais aussi qu’elles soient originales et
laissent des traces même des années après. C’est ce que j’ai essayé de
faire ici mais je laisse les lecteurs en juger.
Florent Massias sera à la bibliothèque Aliénor de Belin-Béliet le
lundi 2 septembre à 15h pour une rencontre littéraire à l’occasion du
rendez-vous mensuel « le thé sur le livre ».